Aventurierul

Aventurierul

marți, 28 iunie 2016

D'origine humaine,hélas,Tileaga Gheorghe Iuliu,52 ans,Roumain transylvain habitant la ville d'Oradea,a suivi des études de lettres à Iasi,et a travaillé et travaille comme professeur de français à l'Ecole Normale d'Oradea.Marié,trois enfants,il fut bouleversé par la rencontre,en 1990 (date de sa première sortie au-delà des frontières de la Roumanie),d'un artiste peintre-sculpteur français de Villeveyrac,Paul Reynoird.Celui-ci l'avait invité à passer quelques jours en France en juillet 1990 pour lui offrir son amitié,des livres français et un rendez-vous chez son cardiologue' vu que le Roumain venait d'etre opéré à coeur ouvert à Bucarest. Dans sa maison et dans son atelier ,le petit prof roumain vit pour la première fois des sculptures en acier inox,il en tomba amoureux et,une fois en Roumanie,bien qu'il ne l'eut jamais vu travailler dans son atelier,il décida de s'essayer en sculpture.Il fallait tout apprendre n'étant pas du genre travailleur de ses mains.Pas d'atelier non plus,pas d'outils comme il faut,il apprit tout, au grand désespoir de sa famille qui comptait ses cicatrices et ses appels aux services d'urgence d'ophtalmologie.
Son premier acier,ce fut La LAMPE.Il descendit en bas de son immeuble,prit un pavé,quelques bouts d'acier de récupération,et Euréka,la lumière se fit.La lampe à pétrole,à la lumière de laquelle lui,sa femme et surtout ses enfants étaient obligés de travailler ,de vivre,de respirer les soirs sombres du communisme,était née.
Ce fut ,ensuite ,le tour du COEUR,son coeur à lui,que l'on avait rafistolé et sparadrapé dans un hopital de Bucarest.
De plus en plus passionné,il passait ses fins de semaine dans les ateliers des autres pour pouvoir souder ses bouts de fer.Il offrait ses oeuvres a des amis.A sa famille aussi lorsqu'il ne pouvait rien d'autre leur offrir à Noel.Ses gosses,ils aimaient ça bien qu'ils eussent préféré un chocolat.A chaque fois,c'était un peu de sa chair qu'il donnait à la sculpture et à ceux qu'il chérissait.
Il faisait le tour des décharges et des usines pour avoir du matériel.C'est décidé,il va travailler des sculptures en assemblages de pièces métalliques.Dans le simple.Dépouillé.Parlant,toutefois.
Sa fille voulut savoir comment les athlètes de l'Antiquité participaient à l'Olympiade tout nus.Il lui en fit un:LE CRONOBOLE ,en acier inox.Sa petite fille tomba amoureuse de Tristan,il lui fit un CHEVALIER,encore et toujours en inox( 1,80 de haut)
Il enseignait à ses élèves les Baisers de Brancusi et de Rodin,et comme il n'avait pas d'images pour le baiser rodinien,il en fit une réplique pour montrer à ses élèves :LE BAISER DE RODIN.
Il vit à la télé le drame d'un premier violon de la Philarmonique de Sarajévo,une roquette avait fait exploser la boite de son violon,le violon avec,ce fut LES VIOLONS DE L'HIVER A SARAJEVO.
Un de ses amis français,Jean Vermorel,partit en une petite croisière avec des amis.Il aurait tant voulu etre de l'équipage,impossible,son reve naquit un TRIMARAN.
Des MASQUES en inox,un AUTOPORTRAIT en acier,COUPLE PENSANT EN CHIOTTES TURQUES,LE QUARTIER DE LA DEFENSE A PARIS,DEJEUNER DU MATIN,FEMME NUE AU SEXE PREHISTORIQUE,OISEAUX,tout savamment dépouillé,sybillin parfois(THESEE ET MINAUTORE,PROMETHEE ET AIGLE) ,jusqu'aux sculptures religieuses,tout venant de ses trippes et imagination.
FAMILLE,six voiliers qui prennent le large(lui,sa femme , leurs trois enfants et le perroquet)
Une immense MONIQUE LEWINSKY AU SAX,un tragique DENIER POUR SOMALIE,ROI LEAR prouvent son penchant vers les problèmes de l'actualité qui exitent son imagination artistique.
Continue à travailler sur son balcon du troisième à Oradea,il a improvisé un petit atelier et ne fait plus de bruit que les trams,les trains et les poids lourds qui passent sous son balcon.
Travaille à présent une suite de 99 SIEGES,tous différents les uns des autres,il en a réalisé une quinzaine.
Pas d'expositions,il travaille pour lui,sa famille,ses copains.Sculptures en France,Hollande,Allemagne,Angleterre,des cadeaux à des amis. 

Plusieurs oeuvres

Otarie

Cronobole

Artiste a droite

Lampe amoureux

Oiseau

Bateau

LES VIOLONS DE L'HIVER A SARAJEVO


Un jour, à la télé,un homme pleurait, tout en regardant son violon déchiqueté par l'explosion d'une roquette qui avait pénétré par la fenetre de son studio. 
C'était à Sarajévo et c'était la guerre.Le chant venait de se taire dans les mains tremblantes du violoniste. 
Le chant agonisait sur les lèvres muettes du musicien.Il ne pouvait plus parler,il pleurait et regardait,ébahi,son violon. 
Lui,c'était le premier violon de la Philarmonique de Sarajévo,l'un des plus connus violonistes européens.Impuissant à présent,il se rendait à l'évidence que les Muses se taisent lorsque les armes frappent. 
Il avait invité des reporters chez lui pour leur parler de la musique et de la paix,dans une ville ravagée par le malheur,pour leur jouer quelques petits morceaux sur son Stradivarius dont il était si fier. 
Le voilà avec le squelette du violon mort.Il était parti en morceaux,les cordes étaient devenues des barbelés,l'instrument si délicat s'était mu en oiseau de la mort.Les fenetres avaient éclaté,des flocons de neige y pénétraient ,légers et insouciants,caressant le visage nu de l'homme au noeud papillon défait. 
Tous les violons de Sarajévo s'étaient tus,figés dans l'horreur qui s'était abattue sur la ville. 
Un espoir toutefois : le petit morceau de bois que l'on appelle "l'ame" du violon était à sa place. 
Un jour d'hiver ,le chant s'est tu,la barbarie,de son orgue de fer,vrombissait tel un frelon menaçant. 
Alors, je suis sorti sur le balcon,dans la neige,et me suis mis à faire chanter l'acier pour raconter l'histoire des violons de l'hiver à Sarajévo. 
Ce violon n'est pas muet,écoutez sa musique triste,écoutez son histoire,cherchez son "ame".